Leur relation entre eux
Quels rapports soutiennent entre eux ces êtres ? Forment-ils une hiérarchie ?  Sont-ils liés par une organisation quelconque ?
Nulle part sur la terre nous ne trouvons la complète égalité ; et plus nous montons l’échelle des êtres, plus s’accentue la supériorité des uns, la position subordonnée des autres. Trois formes d’inégalité qui existent à peine chez les êtres inférieurs à l’homme, se dessinent distinctement chez ce dernier : au sein de la famille, la supériorité de nature, telle qu’elle appartient aux parents ; au sein de l’État, celle de position; dans la société en général, celle d’influence. La première de ces trois formes de supériorité ne peut exister chez les anges; quant à la seconde, Saint-Paul nous parle de trônes , de dominations , de principautés , de puissances , autant de termes qui désignent évidemment les degrés d’une hiérarchie. ( Ephésiens.1.21; Colossiens.1.16 ) Et quant à la supériorité qui résulte de l’ascendant, nous pourrions l’affirmer chez les anges même indépendamment du témoignage de l’Ecriture. Partout dans l’humanité ne rencontronsnous pas des individus qui subissent l’influence, d’autres qui l’exercent ? La société humaine ressemble à une pyramide sur les plus bas degrés de laquelle est placée la foule qui ne possède ni pensée ni volonté propres. Au-dessus d’elle siègent les talents qui reproduisent et vulgarisent, avec une certaine puissance, le mot d’ordre qui leur a été donné de plus haut. Au sommet, place étroite, réservée à un petit nombre d’élus, se dressent les génies qui ouvrent à la pensée de l’homme des horizons inconnus et créent à son activité des voies nouvelles. Ce sont les vrais potentats de l’humanité, phares lumineux comme Luther, foyers consumants comme Voltaire.
S’il en est ainsi chez les hommes, combien plus chez les anges, ces êtres plus élevés que nous en intelligence et en liberté. Il y a d’abord à la base de la pyramide les simples anges ou messagers ; c’est peut-être ceux que l’Ecriture appelle puissances ; au-dessus d’eux les principautés , puis les dominations , qui réunissent sous leur sceptre certains groupes d’anges de plus en plus considérables ; au sommet, enfin, les trônes que l’Ecriture appelle aussi archanges ou chefs d’anges. Parmi ces derniers l’Ecriture en désigne nommément trois, deux parmi les anges élus, un parmi les déchus. Elle donne aux deux premiers les noms de Michaël et de Gabriel, noms qui expriment dans la langue humaine le rôle qu’ils remplissent dans l’œuvre de Dieu. Michaël signifie : Qui est comme Dieu? Le voilà, l’être qui occupe le sommet de l’échelle des créatures. Il n’est pénétré que d’un sentiment, qui résume son existence, celui de l’incommensurable distance qui le sépare du Créateur. Le plus élevé de tous, il sent plus que tous les autres son néant. Le zèle pour la gloire du Dieu qu’il adore en se voilant, est l’âme de son activité, le principe même de son existence. C’est de ce sentiment que résulte la nature de son rôle, qui est de renverser tout ce qui ose s’égaler à Dieu l’homme, ou s’opposer à lui, en particulier le paganisme, sous ses formes diverses. Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, Michaël apparaît comme le protecteur d’Israël et le champion du monothéisme dont ce peuple est le dépositaire, comme le vainqueur de Satan et le destructeur de ses œuvres. ( Daniel.10.13; 12.1; Jude.1.9; Apocalypse.12.7 ) Cet archange prépare ainsi l’œuvre finale du Messie, comme juge du monde. Gabriel, le nom du second archange de lumière, signifie l’ homme fort ou le héros de Dieu . C’est ici l’actif exécuteur des desseins de Dieu pour le salut. Tandis que Michaël foudroie ce qui s’oppose à Dieu, Gabriel travaille à la réalisation de son œuvre. C’est lui qui apparaît pour annoncer à Daniel le retour de la captivité et pour f ixer l’époque de la venue encore éloignée du Messie ; c’est lui qui, dans le Nouveau Testament, annonce à Marie la naissance du Fils de Dieu. ( Daniel.8.16; 9.21; Luc.1.19,26 ) Gabriel est l’ évangéliste céleste; il prélude à œuvre du Messie en tant que sauveur du monde. S’il y a des chefs parmi les anges élus, il est naturel qu’il y en ait aussi chez les rebelles. Le seul être de ce genre que désigne nommément l’Ecriture est celui qu’elle appelle Satan . Ce nom, tiré de son rapport à Dieu, signifie l’ adversaire , et le diable , mot qui signifie calomniateur ou accusateur , et qui est tiré de son rapport aux hommes. La puissance que l’Ecriture sainte attribue à cet être dans son état de chute, témoigne de l’élévation de sa position et de l’excellence de ses facultés avant sa révolte. D’ailleurs, un fait dit tout : il a osé se mesurer, comme en champ clos, avec le Fils de Dieu. Quand il lui dit en lui montrant tous les royaumes de la terre : Tout cela m’a été donné , rien ne nous autorise à penser qu’il ne dise pas la vérité. Jésus lui-même a confirmé cette assertion en l’appelant à plusieurs reprises le prince de ce monde . Notre terre faisait-elle donc partie du domaine primitivement assigné à ce monarque ? Etait-elle son f ief? Y a-t-il légitimement exercé son autorité jusqu’au jour où de vassal il a tenté de se faire suzerain ? En est-il dès lors resté le maître de fait, quoique de droit dépossédé ? Quoi qu’il en soit, il habite encore une sphère supérieure à la nôtre, mais non pour cela distante de celle-ci, et à laquelle Saint-Paul donne le nom de lieux célestes . ( Ephésiens.6.12 ) C’est de là qu’avec la foule des êtres semblables à lui et dominés par son ascendant, il exerce jusqu’à cette heure un incalculable pouvoir sur la portion de l’humanité sur laquelle Christ n’a pas encore étendu sa bienfaisante influence. ( Matthieu.25.41 ) On a soutenu quelquefois que la mention de ces personnalités supérieures, bonnes ou mauvaises, dans les révélations scripturaires, est un emprunt fait aux religions babylonienne et persane, avec lesquelles les Israélites se sont trouvés en contact pendant leur captivité dans les contrées de l’Euphrate et du Tigre. Mais dans ces religions il s’agit toujours de sept archanges, non de trois.Ce nombre sept, qui est en rapport avec celui des ministres de rois persans, se retrouve dans les documents juifs postérieurs à la captivité de Babylone ; mais l’Ecriture se montre indépendante de ces fables. Il me paraît vraisemblable que les deux principaux anges de lumière qu’elle met en scène apparaissent déjà comme les compagnons de Jéhovah lors de sa visite à Abraham, dans le livre de la Genèse écrit bien longtemps avant la captivité de Babylone. Et quant à l’archange qu’elle nous dévoile comme le chef de l’empire des ténèbres, elle n’en fait nullement une divinité, comme les religions de l’Orient, mais une pauvre créature tremblante devant Dieu, et d’autant plus misérable qu’elle avait été plus richement douée. ( Zacharie.3.2; Jacques.2.19 ) La Bible maintient donc ici, comme en tout, le caractère indépendant de ses notions

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